27 juin 2022:

Départ du Guatemala



L’heure du départ à sonné. On embarque 600L d’eau, 250L de carburant, de quoi manger en conserve pour les 3 prochains mois. Thera est reluisante et on se sent enfin prêt à larguer les amarres. Nous sommes Jeudi 23 Juin au matin et nous nous activons avec les derniers préparatifs.

Sans une deadline imposée à midi par notre responsable de marina Gwendal, qui sait si nous serions réellement partis : Il y a toujours quelque chose à finir, à améliorer pour se sentir complètement prêt. 10h du matin et Nico est encore pendu au mat pour nettoyer les barres de flèches… Il faudra se faire une raison : Thera ne sera jamais 100% prête. Alors, il faut se lancer.

Midi : On donne un coup de démarreur au moteur. Ce dernier ne démarre pas. Un deuxième, puis un troisième. Rien. Il semble que le bougre manque de patate. On n’en revient pas. Comment peut-il nous faire ça le jour J alors que tout semblait encore impeccable hier lors des tests!
Nous tentons de coupler les batteries de service pour donner un coup de pouce et ouf ! Il fini par démarrer. Se pose alors la question de savoir si on part dans ces conditions avec un problème de démarrage ou si on reste un jour de plus pour solutionner le problème.
On a déjà trop attendu. Tan pis, on part comme ça ; on se débrouillera bien.

Nous larguons les amarres et battons en avant. Le bateau sort de la marina. On se sent libre. Dommage pour ce foutu problème de démarrage qui nous gâche un peu le plaisir. Aller, c’est peut être pas grand-chose après tout. Tachons de ne pas y penser.



Nous entamons la descente du Rio Dulce. Le plan est d’aller mouiller à 3h de là en amont du canyon dans une baie nommée « Cayo Quemado ». Nous sommes poussés par le courant ; l’eau est calme et nous prenons plaisir à voir s’éloigner Fronteras qui fût tour à tour notre chez nous, notre calvaire mais dont nous garderons tout de même un bon souvenir.

Après une panne de pilote automatique vite réparée nous jetons l’ancre dans la baie de Cayo Quemado vers 17h. Quel calme. Juste quelques pêcheurs encore ça et là espérant saisir les poissons voraces du soleil couchant.

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La nuit tombe et se pare d’une voute céleste noire étincelante comme nous n’en n’avons pas vu depuis bien longtemps. Nous restons un moment allongés sur le pont à contempler ces merveilles cosmiques en attendant le passage du marchand de sable. La journée a été longue et ce dernier ne tarde pas à venir fermer nos yeux fatigués.

Réveil au petit matin pour entreprendre la descente de la deuxième partie du Rio.





Nous partons de bonne heure pour espérer régler nos formalités d’immigration à Livingston dans la journée.
Nous connaissons tous les deux cette partie que nous avions remonté avec le bateau 2 ans auparavant et sommes excités à l’idée de ce qui nous attend.
C’est la partie la plus sauvage.

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Quelques familles vivent ici loin de la civilisation. Pas d’accès par la route. Les maisons sont construites au bord du Rio et toutes disposent d’un petit ponton pour y accoster. L’architecture traditionnelle intègre à merveille ces petites constructions en lisière de la jungle dense. Choup s’en donne à cœur joie avec son appareil photo tout en appréhendant déjà le tri des photos qu’il faudra faire derrière !



Il ne nous faudra que 2 heures pour que Thera vienne à bout des derniers méandres du Rio.
L’ancre tombe devant Livingston et nous allons à terre pour remplir nos formalités de départ.
Pas de chance pour nous aujourd’hui car l’employé de la capitainerie à été dépêché à Puerto Barrios toute la journée pour une urgence. Oui, visiblement il n’y a qu’un bonhomme qui ne soit capable de traiter nos documents. Tan pis, on reviendra demain. Sommes-nous vraiment à un jour près ?

Le lendemain tout s’enchaîne. En une heure et demi nous passons entre les mains de la capitainerie, du service d’immigration, de la capitainerie encore, puis des douaniers. A 10h30 nos papiers sont en règles, tampons à l’appui sur les passeports : Nous quittons officiellement le Guatemala.

Il est temps de repartir en eau salée. Nous levons l’ancre et mettons le cap vers le large. Le dernier obstacle à franchir est une barre de sable qui nous fait naviguer dans moins de 2m d’eau sur quelques centaines de mètres. La majorité des voiliers sont obligés de se faire accompagner pour pencher le bateau afin de réduire leur tirant d’eau. Mais avec Thera et sa dérive relevable, c’est du gâteau !



Ça y est, l’écume derrière Thera change de forme et de couleur : Elle s’éclaircie, commence à mousser. Pas de doute, l’eau de mer est de retour !

Au bout de 2h de moteur le vent se lève. Il est temps pour Thera de se draper de ses voiles blanches et de recommencer à jouer avec le vent pour nous faire avancer. Miracle ! Elle sait encore le faire. Quel plaisir de la voir glisser silencieusement maintenant sur les flots. On dirait vraiment qu’elle est heureuse.

Dommage seulement que le vent ne souffle pas dans la bonne direction. Cette partie de la mer des Caraïbes est en permanence soumise à un régime d’Alizés d’E – NE et il nous faudra attendre nos futures navigations dans le Pacifique pour pouvoir réellement être « Poussés par les Alizés ».
Aujourd’hui il faut les remonter. Et comme à l’accoutumé, l’état de la mer est très défavorable pour remonter au vent. A cause de courants contraires et d’une topographie de « Fond de Caraïbes », La mer n’est jamais bien formée. La houle se creuse vite et bien que le vent ne souffle qu’à 15 Nœuds, on se retrouve rapidement dans 2 à 3m de creux avec des vagues rapprochées qui viennent se briser sur l’étrave du bateau. On sent Thera ralentir à chaque fois quelle se heurte à l’une d’entre elles.

Nico est dans le bateau à la nuit tombée en train de faire des pâtes. Le bateau se lève face à cette mer difficile et s’enfonce quelques secondes plus tard sous les vagues. En 5 minutes notre cuisinier choppe le mal de mer. Il tente de manger et 15 minutes plus tard rejette ses pattes à la mer. A partir de cet instant il ne sera plus en mesure d’ingurgiter quoi que ce soit avant notre prochaine escale : L’île de Roatan, à 2 jours de mer. Ça va être long…

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Notre première nuit est éreintante. Le vent s’établit à 20 nœuds. 2 Ris sont pris dans la grand voile. En temps normal Nico établirait la trinquette ; cette petite voile d’avant parfaitement adaptée à faire avancer le bateau lorsque le vent commence à souffler fort.
Dans son état il a la flemme. Trop mal, il craint d’aller faire la manœuvre à l’avant du bateau. Tan pis pour cette fois-ci. Si le vent ne monte pas d’avantage, Thera restera avec son Génois et quelques tours de rouleau pour réduire sa taille. On verra demain…
Parer les Iles Sapodillas nous semble prendre une éternité. On évite de justesse un orage. Quel endroit à la gomme ! Décidément c’est toujours pareil dans les parages. Nico ne peut s’empêcher de repenser à 3 ans en arrière lorsque Thera s’était déjà pris la foudre lors d’un orage dans cette même zone les laissant sans électronique derrière. Heureusement pour cette fois-ci, l’orage ne nous régalera que de beaux éclairs et de grondements sourds dans l’obscurité. Sacré ambiance pour se remettre dedans !
La nuit se poursuit à devoir éviter les nombreux cargos dans les parages. On manœuvre une fois puis deux. A croire qu’il n’y a que de nuit que l’on fait des routes de rencontre avec ces géants des mers !
C’est avec un certains soulagement que nous regardons l’aube se lever vers 5h du matin. Avec les heures passant, le vent diminue à 15 nœuds et avec lui la hauteur des vagues. On ne peut pas dire que l’on sort d’une tempête mais cette première nuit nous a tout de même rebaptisé et réaccoutumé aux bruits et sensations que l’on a en navigation. Thera s’en est sorti, comme d’hab. Elle n’a pas l’air d’avoir beaucoup forcé ce qui nous rassure. Comme quoi elle est vraiment faite pour ça. On se réjouit de pouvoir toujours lui faire confiance.

Notre deuxième jour sera sans incident. Nous aurons la joie d’avoir la visite de dauphins. C’est toujours une fête de les voir arriver. C’est comme une présence rassurante. On a toujours envie de se convaincre qu’un lien s’établit avec eux par les gestes de joie que nous leur démontrons et par nos encouragement vocaux. Qui sait ce qu’ils perçoivent réellement ? Quoi qu’il en soit c’est toujours un délice de voir avec quelle agilité et rapidité ces petites bêtes parviennent à se déplacer sous l’eau.
Alors que nous les voyons poursuivre leur route, nous leur souhaitons bonne chance et somme déjà impatient à l’idée d’un prochain rendez-vous avec eux.



La journée se passe à faire la sieste, jeter un œil à l’horizon, constater sur la carte que notre cap ne s’améliore que peu et qu’il faudra tenir sans doute un jour de plus ou 2 même avant de toucher au but.

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Et déjà le soleil décline. Pourvu que cette nuit soit plus calme que la précédente.
Le vent remonte mais le trafic maritime est moins dense que la nuit dernière. Ouf ! On ne sera pas obligés de trop manœuvrer. L’état de Nico ne s’est pas amélioré et c’est au fond du bateau qu’il passera la nuit. Heureusement que Choup est là pour veiller au grain. C’est elle qui assurera presque tout le quart cette nuit là. Elle assure un max !

Le lendemain le vent tombe à 10 nœuds en fin de matinée. La mer avec lui. Nous ne sommes plus bien loin de Roatan et on en profite pour mettre le cap direct sur l’Île au moteur. Le plus tôt nous arriverons, le mieux ce sera. On commence déjà à se réjouir des plaisirs de la vie de terrien qui nous attendent : Des petits plats à base de poisson, une bière bien fraiche, une nuit de 15h sans se réveiller, peut être même de la plongée… ! Comme si on était en mer depuis un mois déjà alors que nous sommes partis il y a… 2 jours seulement ! Cela nous fait douter de la suite : Serons nous réellement capable d’aller jusqu’à Panama ? et ensuite de rester en mer plus d’un mois dans le Pacifique ? D’affronter d’autres mers difficiles ? Comment ferons-nous si nous avons encore le mal de mer ?
Aller, courage ! L’île n’est plus bien loin. Il faut tenir encore un peu et on repensera à tout ça la tête froide.

C’est vers 16h que nous affalons les voiles et que nous franchissons la petite passe dans le récif corallien de West End à Roatan. Notre bouée habituelle est libre. Super ! C’est comme si on était de retour chez nous. Enfin au calme, on se détend en contemplant l’environnement qui entoure ce mouillage que l’on a déjà tant apprécié par le passé. On repense à tout ce qu’on a vécu ici : Le début de note vie en couple, notre rencontre avec nos amis Titou et Cathy, toutes les plongées à 60m, les vacances avec Fif et Grand, le confinement pendant le COVID… On en a des souvenirs ici !

Pour l’heure la soirée sera sobre. Les yeux piquent. Aller vite ! Une soupe, un petit film et c’est parti pour 13h de dodo !!!!! Bonne nuit Roatan et à demain pour de nouvelles aventures!

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4 Juillet 2022:

Départ de Roatan



Notre relâche à Roatan nous aura fait le plus grand bien.

Nico reprend ses esprits rapidement et dès le lendemain nous nous empressons de remplir nos estomacs vides. On connait déjà la maison et on s’empresse de retourner dans notre petit restau préféré « Anthony’s Chicken » pour savourer le plat National, la baleada: Sorte de crêpe à base de farine de blé nappée de patte de haricot rouge que l’on agrémente à souhait : avocat, poulet, œuf, fromage… Le tout bien sûr accompagné d’une bonne « Salva Vida », numéro 1 des bières Honduriennes.

Nico espère faire la surprise de notre présence aux gérants du centre de plongée dans lequel il a travaillé jadis presque 2 ans mais nous apprenons qu’ils ont vendu le magasin en début d’année. Par chance nous réussirons à les rencontrer plus tard dans la semaine et à partager ensembles quelques souvenirs autour d’autres Salva vida.

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Les jours qui suivent sont employés à remettre le bateau en état et à régler tous les petits désagréments que nous avons eus pendant la navigation. Le point primordial est le problème de démarrage du moteur qui nous tracasse depuis le départ du Rio. Après quelques investigations nous trouvons finalement la panne : Il ne s’agissait en fait que d’une cosse de batterie mal serrée. Hourra ! Nous allons pouvoir vraiment profiter des prochains jours pour profiter de l’île.

Nous trépignons tous deux à l’idée d’aller faire un coup de plongée. Fort heureusement, même si notre amie Francheska qui avait pour habitude de nous louer les bouteilles a quitté l’île, son successeur Alex, un Argentin adorable nous fait confiance et accepte de nous louer quelques bouteilles.



Le choix des sites de plongée est délicat. Pas question d’aller direct à 60m comme on le souhaiterait. Il faudra se résonner et opter pour des plongées dans la zone des 20m.
Quel bonheur de retrouver ce monde en bleu avec ses sensations d’apesanteur ! La vie aquatique est toujours au rendez-vous : Tortues, bancs de labres créoles, barracudas, poissons chevalier, crabes, murènes… De quoi en prendre plein les yeux et de nous donner enfin la sensation d’être en vacances !

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La semaine passe à toute vitesse et une fenêtre météo s’ouvre pour partir sur Panama.
Nous passons notre dernière journée à préparer le bateau pour le départ. Forts de notre expérience sur la nav précédente, nous réalisons quelques ajustements pour améliorer notre confort à bord. Nico installe le régulateur d’allure et la trinquette pour être tranquille.
Nous avons également enrichi notre pharmacie avec plusieurs « kits de réhydratation » (Cathéter et poches de solutions salines) afin de faire face en cas de gros problème de mal de mer qui nous empêcherait de boire pendant plusieurs jours.

Lundi 4 Juillet, 6h du matin : Nous levons l’ancre, direction Panama. Si tout va bien nous espérons y être dans 8 jours !



10 Juillet 2022:

Panama: Première tentative



Très vite, l’expérience acquise en bateau nous enseigne de ne jamais se fier à 100% à la météo et de ne pas pouvoir prévoir les choses avec certitude. On sait quand on part mais jamais quand on arrive.
Aussi cette navigation aura été riche d’enseignements.

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Ayant attendu une fenêtre météo favorable pour tenter de rejoindre Panama, notre départ de Roatan a été assez facile.

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Il n’y avait pas de vent et c’est sans difficulté que nous avons réussi à prendre 50 miles nautiques vers l’est et laissé l’île de Guanaja derrière nous à la tombée de la nuit.

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Cependant les conditions changèrent et, le vent se levant face à nous, nous n’avons eu d’autres choix que de commencer à tirer des bords vers 3 heures du matin pour poursuivre notre progression. Les côtes Honduriennes étant assez mal famées et les nuages sur notre tribord donnant de nombreux signes d’activité électrique nous mettons cap au Nord-est afin de rester éloignés de tout risque d’orages. Malheureusement cette route nous place au milieu du Gulf Stream que nous pensions pourtant plus au Nord de notre position. Face à une mer mal formée et un courant de 1.5 Nœuds nous constatons après 24h à luter inconfortablement face à ces éléments que nous n’avons pris que quelques miles vers l’Est.





A ce moment là, plus très loin de l’île militaire des Santanillas, nous décidons d’y faire route en espérant trouver un peu de calme le temps d’attendre une fenêtre météo plus propice pour continuer de tirer vers l’Est au moteur. Nous espérons également pouvoir y trouver du carburant sans lequel il nous sera impossible de remonter suffisamment la côte Hondurienne.
C’est ainsi qu’après plus de 2 jours de navigation nous arrivons sur la côte Ouest de cette île peu après la tombée de la nuit. Sans connaitre les fonds nous progressons très doucement afin de trouver une zone peu profonde pour y jeter l’ancre. Enfin un peu de répits ! Après un gigantesque plat de pattes au jambon vite dévoré nous tombons dans un lourd sommeil réparateur malgré un mouillage très rouleur.

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La vue de l’île nous enchante au petit matin : Nous découvrons du bateau une nature sauvage remarquable. Malgré la situation, on a envie d’aller y faire du tourisme. Je suis en train de sortir les palmes et les masques pour nous jeter à l’eau et voir si l’on peut trouver du gasoil à terre quand on reçoit un message de notre ami Bruno qui veille à la météo. Mauvaise nouvelle : Les conditions de calmes que nous espérions ne semblent plus d’actualité. 20 nœuds de vent sont attendus dans les jours à venir. Si on veut avoir une chance de poursuivre vers l’Est au moteur il nous faut profiter du « calme » actuel et partir au plus vite.
On remballe les palmes et on dit adieu à l’idée du tourisme sur l’île. Domââge…
Le moteur démarre et on commence à relever l’ancre. Mauvaise surprise : en évitant la nuit, le bateau a coincé sa chaine au milieu des coraux. Il va falloir plonger par 6m de fond pour tenter de la dégager. Nico alterne les plongées et les retours au bateau pour relever l’ancre alors que Choup est à la barre pour tenter de placer le bateau dans l’axe de la chaine. La manœuvre est délicate et soudainement la chaine se bloque à l’aplomb du bateau. Sous l’effet d’une vague, le guindeau sur lequel repose la chaine en train d’être relevée se prend un méchant coup et rompt sous le choc. Immédiatement 20m de chaine repartent au milieu des coraux. La manœuvre initialement délicate devient soudainement plus compliquée et laborieuse. Si compliquée qu’on doit se résoudre à larguer tout le mouillage dans l’eau et laisser Choup toute seule à la barre faire des ronds dans l’eau en attendant que Nico puisse parvenir à démêler la chaine sous l’eau sans tension.
C’est finalement en remontant avec une aussière directement sur l’ancre que nous parviendrons après de nombreuses plongées à relever notre mouillage après une bonne heure de bataille.
Nous quittons l’île avec un guindeau en moins et peu convaincus par la navigation qui nous attend. On tente malgré tout de repartir vers l’Est. Ca fonctionne quelques heures et le vent sur lève de nouveau. Notre cap passe du 140° au 160° puis au 180° ! Plein Sud, direct vers les côtes Honduriennes. Il faut se faire une raison : Nous ne parviendrons pas à passer cette fois-ci. La décision est un peu pénible à prendre mais on se résout à mettre le coup de barre pour repartir vers Guanaja.



Quel bonheur soudain que de retrouver plaisir à naviguer. Rien à voir lorsque le bateau est poussé par le vent et les vagues. Tout est plus calme, plus simple dans le bateau. On voit sur la carte que l’on fait de la route. Certes pas dans le bon sens pour cette fois-ci mais ça redonne espoir en Thera pour la suite de nos aventures dans le pacifique. Surfer sur la mer ça elle sait faire ! On la sent vraiment taillée pour ça. Ah ! Vivement les 4000 miles qui se présenteront bientôt devant son étrave pour voguer vers la Polynésie.

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Même si cette nav se solde par un « échec » cette fois-ci on tente de relativiser et de voir le côté positif de tout ça : Tout va bien avec le bateau. Le moteur a l’air de fonctionner, le gréement est impeccable. On a fini par s’amariner pour de bon. Le régulateur d’allure rempli son rôle à merveille.
Nous avons découvert ce qu’est la navigation dans ce coin de la mer des Caraïbes et nous reviendrons encore mieux préparés la prochaine fois.

Profitons de ces 28h au portant pour faire quelques manœuvres de voiles : Tangoner, remettre un coup le Code D, cette voile d’avant que l’on sort par légère brise et qui nous permet de faire route à 6 nœuds. Des manœuvres qui nous paraissent un peu loin derrière mais qu’il faut se forcer à faire pour reprendre confiance en notre capacité à pouvoir régler le bateau par tout type de temps.



C’est un peu laborieux mais on s’en sort !

Notre heure d’arrivée sur la carte est estimée à 21h à Guanaja. Comme souvent c’est une arrivée de nuit qui se prépare. Nous sommes moins nerveux cette fois-ci car nous connaissons les lieux et avons déjà nos anciennes traces GPS sur la carte pour nous mener droit à notre zone de mouillage.
Les éléments nous jouent des tours. A plusieurs reprises on croit être rattrapés par les orages de fin de journée mais heureusement ces derniers se décomposent systématiquement quelques miles avant d’être sur nous.

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L’arrivée se passe très bien. Escortés brièvement par un groupe de plusieurs dizaines de dauphins nous nous réjouissons malgré tout de revenir passer quelques temps sur cette île que nous avions partiellement explorée 3 ans auparavant. Nous allons avoir quelques merveilles à découvrir le temps d’attendre une nouvelle fenêtre météo pour repartir.
La seule question étant : Quand ?



Du 11 au 25 Juillet 2022:

Guanaja



Les petits bonheurs du quotidien :

Après une bonne nuit réparatrice de 10h nous savourons la quasi absence de mouvements sur le bateau et le plaisir de partager un petit déjeuner autour d’une table. Il est agréable de constater comme après les nav’, les petites choses simples du quotidien nous remplissent chaque fois de bonheur. Nous parcourons du regard les côtes verdoyantes de Guanaja éclairées par la lumière du soleil matinal et redécouvrons la petite Palapa du bar de Hans , un Allemand implanté ici depuis une quinzaine d’années chez qui aiment à se retrouver les plaisanciers de passage.

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Une population adorable et accueillante:

Impatients de pouvoir échanger avec nos familles sur cette nav’ déconcertante, nous nous dirigeons vers le village le plus proche, situé sur la petite île de Bonacca pour acheter une carte SIM locale et du forfait. Nous trouverons notre bonheur chez Hugo et Mylena, un couple de Costaricains fort sympathiques, implantés ici depuis 40 ans. Les ruelles de ce quartier forment un petit labyrinthe dans lequel vous avez vite fait de recroisez les mêmes personnes et de connaître les noms des ses personnalités principales. Bien que le service de laverie ne semble plus en activité depuis quelques temps, un local (William) nous conduit chez Erika, une autre habitante de l’île pour que nous puissions laver nos vêtements sans que nous n’ayons même eu à le lui demander.
Plus loin, nous tentons de mettre la main sur des bidons afin d’emporter 100 Litres de carburant supplémentaires pour nous offrir une plus grande autonomie lors de notre prochaine tentative pour rejoindre Panama. Cet objet en plastique pourtant si banal, semble difficile à dégotter par ici mais nous bénéficierons encore une fois de la gentillesse de l’un des habitants du quartier qui nous donnera 2 bidons d’huile de cuisine vides de 20 L chacun.
Le sens de l’accueil et de l’entraide des habitants de ce petit quartier vient renforcer la première impression que nous avions eu lors de notre séjour d’il y a 3 ans. Nous avons eu la chance de respectivement beaucoup voyager et nous nous accordons pour dire que nous avons rencontré à Guanaja la population la plus accueillante, désintéressée et prête à vous venir en aide, de tous les pays que nous avons parcourus.

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Quelques ajustements sur le bateau :

Une fois n’est pas coutume, nous passerons quelques jours à bricoler sur le bateau avant d’être en mesure de repartir sereinement en direction de Panama dès qu’une fenêtre de 3 jours de calme plat s’ouvrira.
Après 2 jours de lutte acharnée Nico parviendra finalement à réparer le guindeau. Il s’agissait au final d’une simple goupille qui avait cédé sous le choc. Le modèle que nous avons datant probablement de l’âge préhistorique, il ne correspondait en rien aux diverses notices que nous pouvions trouver sur internet ou même sur celle qui était pourtant belle et bien fixée à l’intérieur du guindeau lui-même.
Avec un pouce et quelques cheveux en moins (si si je vous jure), mon inspecteur gadget préféré est encore une fois parvenu à nous sortir du pétrin. J’en ai de la chance de pouvoir compter sur lui !
Il passera également du temps pour refixer le safran du régulateur d’allure qui se détachait en permanence lors de notre dernière nav’ ainsi qu’à réparer une poche d’eau douce qui fuyait.
De mon côté, j’ai fait posé quelques œillets et bouts supplémentaires sur la bâche arrière afin de limiter sa prise au vent en navigation.


Enfin les vacances !

- Jungle adventure :
Une fois tous les ajustements terminés, nous nous octroyons quelques petites excursions afin d’explorer d’avantage cette île magnifique.
Nous repérons un chemin sur la carte qui fait une boucle depuis le bar de Hans. Nous nous engageons à 13h comme des touristes avec des shorts et 1 litre d’eau pour deux en vue d’effectuer cette « petite balade de reprise ». Il ne nous faudra pas longtemps pour nous rendre compte que les chemins indiqués sur la carte n’ont pas été empruntés depuis belle lurette et que le temps du trajet sera donc à revoir à la hausse. Nous nous frayons tant bien que mal un chemin entre les cannes à sucre, les herbes collantes, les araignées et les serpents (bon ok, j’en rajoute un peu pour le serpent, on en a vu qu’un seul). Au bout d’une heure d’ascension dans la moiteur et la chaleur suffocante de cette végétation tropicale, nous arrivons sur une crête qui nous propulse dans le sud de la France. Une douce brise nous caresse et la végétation tropicale a laissé place à une forêt de résineux. Comme une madeleine de Proust, l’odeur des pins ramène à nous les souvenirs de nos magnifiques randonnées dans les Hautes Alpes. Nous profitons quelques instants de cette atmosphère particulière avant d’entamer un peu à contre cœur la descente de notre rêverie Alpine. Au bout de quelques mètres nous nous rendons vite compte que nous n’avions encore rien vu lors de la première partie de notre promenade. Ici le chemin disparait complètement et nous nous déchiquetons jambes et bras à chaque centimètre parcouru. Nous remercions « Maps me » pour la précision de ses cartes sans quoi il nous aurait été tout simplement impossible de continuer. En bon guide, Nico me rassure en m’indiquant la proximité chaque fois plus imminente du chemin « blanc » indiqué sur la carte. Ce fameux graal atteint il s’avère qu’il s’agit en réalité du tracé du câble électrique de l’ile. Pas très nature donc mais mes mollets se réjouissent malgré tout d’un avenir sans ronce ni branche à traverser. La redescente s’amorce plutôt bien puis nous nous retrouvons dans la mangrove. Le soleil commence à décliner et nous nous inquiétons d’être en mesure de rentrer avant la nuit. Plus de peur que de mal, l’étendue de la mangrove étant assez limitée nous parcourons les derniers kilomètres à bon pas et rentrons finalement à temps pour partager une bonne cerveza « Salva vida » au bar de Hans avec quelques plaisanciers du mouillage.

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- Une session de snorkelling chargé en émotions :
Nous profitons également d’une belle journée ensoleillée pour nous rendre en annexe à quelques centaines de mètres du mouillage pour faire un peu de snorkelling. La tête à peine immergée, nous découvrons une raie pastenague ainsi qu’une raie aigle qui semblait presque intéressée pour venir plus près de nous. La visibilité de ce premier spot n’étant pas très bonne nous décidons de déplacer le dinghy sur un autre petit Ïlot non loin de là. Au rendez-vous : des petits sergents major, des poissons ange, un poisson vache, une belle étoile de mer…. Au bout d’une quinzaine de minutes mon regard se pose sur une forme noire à environ dix mètres de nous. A la crispation que je sens dans mon corps tout entier, nul doute il s’agit bien d’un requin…Nico ne semble pas l’avoir encore vu, aussi lui broie-je frénétiquement le bras afin de ne pas me sentir seule dans cette aventure… Comme je m’en doutais Nico semble serein et content face à cette rencontre inhabituelle. Nous restons là immobiles (enfin si l’on ne prête pas trop attention à ma main qui continue à disséquer le short de bain de Nico en toute autonomie) pendant quelques secondes à observer cette masse impressionnante lorsque Nico me pointe du doigt un autre requin sur notre droite…. Réunissant tout mon courage et ma bravoure, je me place de façon à ce que Nico soit toujours entre eux et moi afin qu’il se fasse bouffer le premier… On a l’instinct de survie ou on ne l’a pas!
Après quelques secondes les deux squales peu intéressés par une pause goûter, passent leur route pour disparaitre dans le bleu de l’océan. Bizarrement, une envie soudaine de rejoindre le dinghy me gagne et je me qualifie pour les JO sur cette nage de retour. Partagés entre excitation, joie, peur et soulagement, nous rentrons de notre petite escapade la tête remplie de nouveaux souvenirs.

- Une dernière balade avant le départ :
Comme il nous reste encore quelques jours avant de partir, nous décidons d’aller découvrir les alentours de Savannah bight que nous ne connaissons pas. Nous partons du petit village de Savannah bight où l’on nous conduit chez un couple adorable afin d’emporter quelques baleadas pour le pique nique du midi. Nous marcherons pendant 2 heures jusqu’à East point bight. Nous sommes conquis par la variété des paysages du parcours. Tout d’abord nous cheminons sur une petite route puis sur un sentier bien tracé qui s’enfonce peu à peu dans la végétation tropicale. Plus loin, nous longeons des pâturages situés dans une plaine aux couleurs saturées et décorés avec des arbres majestueux. Ensuite nous traversons la petite communauté d'East point bight avec ses plantations de bananes, ses manguiers, ses arbres à pain, ses pintades galopant dans les fourrés. Arrivés sur la plage nous pouvons observer les rochers recouverts de végétation rouge et verte fluo se jeter dans la mer bleue turquoise. Les amandiers et les cocotiers forment des courbent au dessus de ce paysage enchanteur. Nous dégusterons nos baleadas en observant ce décor de rêve et nous sentons enfin en vacances et très chanceux d’être ici. Un petit plouf et nous prenons la direction du retour avec des images de rêve plein la tête.

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Nouvelle stratégie pour rejoindre Panama :
Après quelques jours de réflexion à comparer les courants et les vents, nous envisageons une autre stratégie pour rejoindre Panama. En effet, peu sûrs de voir une fenêtre de 3 jours de calme pour franchir la bosse du Nicaragua dans les semaines à venir, nous choisissons de nous laisser porter par le Gulf Stream et les alizés jusqu’à la pointe Ouest de Cuba. Nous naviguerons ensuite sur la côte Sud de l’île qui nous offrira plusieurs possibilités de mouillage pour reprendre un peu nos forces si le besoin s’en fait sentir. Nous ferons ensuite cap sur la pointe Ouest de la Jamaïque où nous ferons un dernier stop avant de nous lancer en direction de Panama et de retrouver notre ami Florent venu de France pour les vacances.
Allez, c’est décidé nous partirons mardi 19 juillet ! Nous effectuons donc l’avitaillement d’eau, de gasoil et les formalités de sortie du Honduras la veille pour être fins prêts. Mais…. vous vous en doutez sûrement si vous lisez nos articles depuis le début du voyage…. Les choses ne se déroulèrent bien évidemment pas comme nous l’avions planifié… (ça ne serait pas drôle sinon). Ce coup-ci, c’est la courroie de la pompe à eau du moteur qui menace de céder à tout moment. Départ reporté jusqu’à nouvel ordre donc. Par chance nous trouverons la courroie en question sur l’ile de Roatan et la recevrons 3 jours plus tard.
Pendant ce laps de temps un nouveau voilier est arrivé au mouillage avec à son bord 7 personnes de plusieurs nationalités différentes, en route également pour les San Blas, au Panama. Nous sympathisons avec Pierre (le capitaine français) et avec toute sa petite tribu hétéroclite et ré envisageons l’option de la route par la bosse du Nicaragua en voyageant avec eux. Nos cerveaux bouillonnent et ne savons plus quel choix effectuer en ce qui concerne la route à faire pour nous rendre à Panama… Après plusieurs jours de réflexion nous nous rendons compte que nos bateaux sont trop différents pour rester côte à côte.
Une fenêtre météo propice à une traversée directe vers Panama s'ouvrant nous déciderons donc de retenter notre chance un jour après eux. Qui sait, nous rattraperons avec un peu de chance Zoma, le bateau de nos amis, au cours de cette navigation complexe.

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25 Juillet 2022:

Nav de l'enfer



3 jours de calme plat souhaités pour partir avec un voilier : un non sens ! Oui ; mais pour cette route et avec Thera, pas vraiment d’autre option possible sans une intervention divine qui nous enverrait du vent d’Ouest. Impossible à cette période de l’année sauf peut être en utilisant les vents d’un éventuel cyclone qui passerait non loin de là… bof.

10 fois que l’on visualise la route que l’on va faire avec les conditions météo annoncées jusqu’au dernier moment. Ce sujet est au centre des discutions à bord. On en parle avec ferveur dans le but de se préparer, de se motiver et d’y croire :
D’abord 300 milles à reprendre vers l’est le plus vite possible. En ligne droite au moteur. Peut être en s’aidant des voiles si les petits coups de Sud-est annoncés sont effectivement au rendez-vous.
Rester au plus près du vent sans se faire pousser dans les courants qui sévissent au Nord. On les connait bien ceux-là. Ils nous ont déjà joué des tours sur la nav précédente.
Une fois arrivés au « Rosalind Bank », virer de bord, cap au Sud-est. Si nos plans sont justes à ce moment là et la météo conforme, le vent devrait être secteur Est, 12 à 15 nœuds. Cela devrait nous permettre de traverser la passe de 50 milles contre 1.3 Nœuds de courant sans trop de difficulté.
Une fois sortis nous n’aurons normalement plus trop à nous soucier de la direction du vent. Nous ne serons cependant à ce moment qu’à mi-parcours et il y aura tout de même encore 4 jours de nav à destination. Qui sait quelles conditions nous aurons exactement à ce moment là ? Normalement pas plus de 20 nœuds de vent si tout va bien. On verra. Il faudra ensuite éviter le banc « d’el Sueño » puis contourner celui de « Roncador » par l’Est si les conditions le permettent. Enfin, Tracer en ligne droite vers Panama tout en restant vigilant au trafic maritime qui se densifiera. Tout un programme !
J’ai l’impression d’être un skieur à quelques minutes de s’élancer dans une descente. Visualisant encore le parcours qu’il a reconnu et qu’il connait déjà par cœur : les instants précis pour changer de cap, les dangers à anticiper, garder sa concentration jusqu’au bout en faisant de son mieux pour passer le plus vite possible.

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Lundi 25 Juillet le réveil retenti à 6h30. Le bateau est déjà fin prêt à appareiller bien évidement. Juste le temps de se réveiller, de prendre le petit déjeuner et nous levons l’ancre de Sandy bay. Ce n’est jamais sans une certaine émotion à l’idée d’une telle navigation : Se dire que l’on ne retouchera pas terre avant 8 jours, devoir dire au revoir au confort du mouillage, des repas bien préparés et surtout des nuits de sommeil sans interruption.
Comme prévu la mer est d’huile. La nouvelle courroie de la pompe à eau semble plaire à notre Yanmar. Il le faut car on compte sur lui sur cette nav ! Pas question de tomber en panne 200 miles plus loin…

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Les 100 premiers milles avalés au moteur nous on rapproché du banc Nicaraguayen. Nous virons à l’E–NE pour remonter le banc jusqu’à la passe. L’idée est de rester suffisamment loin de la zone peu profonde pour rester hors de vue des bateaux de pêche sans se retrouver non plus face aux courants portant à l’Ouest plus au Nord. Cela nous donne une bande de 20 milles dans laquelle nous pouvons naviguer. A notre grand étonnement nous semblons profiter de petits contre courants évalués à 0,5 nœuds qui nous poussent dans le bon sens ! Un petit air du Sud-est nous permet même d’arrêter le moteur et de faire 100 miles à la voile en tirant quelques bords. Nous sommes assez chanceux avec les grains qui nous évitent farouchement nous évitant ainsi de trop devoir manœuvrer.

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On compte les milles repris vers l’Est. Déjà 2/3 du chemin vers la passe de Rosalind d’effectué. Plus on avance plus on y croit. Malheureusement au 3ème matin le vent nous lâche. Il faut donc remettre au moteur pour poursuivre en ligne droite. 30 milles avant l’entrée de la passe nous rencontrons finalement le courant d’Ouest. La lutte commence. Son simple nœud de courant nous retardera de 10h sur le passage du banc. 10h de plus à rester dans cette zone exposée à de la piraterie opportuniste. Nous avons pris nos précautions en passant au large du banc Nicaraguayen mais malgré les 150 milles nous éloignant de la côte, des bateaux de pêche sont bel et bien présents sur site. Je les imaginais plus petit. Il s’agit en fait de bateaux capables de partir en mer pêcher sur plusieurs jours, en acier, avec un équipage complet à leur bord. Je remets en question ma stratégie de défense aux cocktails Molotov. Si l’intention de ces hommes est réellement de nous aborder il sera très difficile de les en empêcher sans avoir un moteur suffisamment puissant qui permette de fuir. Même la coque en aluminium de Thera ne sera pas dissuasive face à des francs bords en acier qui en ont déjà vu de toutes les couleurs. Une bosse de plus dedans sera le faible prix à payer pour mettre la main sur un butin très profitable. Imaginons en plus que l’attaque au cocktail échoue. La riposte vengeresse pourrait être violemment démultipliée et donner une issue encore plus dramatique à l’incident. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Je ne crois pas. Nous entreprenons donc de préparer un butin sacrificiel que nous laisserons à nos ravisseurs si un abordage devait avoir lieu : 1 millier de dollar en liquide, nos vieux téléphones, quelques bricoles apparentes. Nous cachons avec soin notre Garmin qui nous permet de communiquer avec le monde, la tablette que nous utilisons pour notre route, nos pc portables. Pourvu qu’il n’y ait pas d’atteinte à nos intégrités physiques.

La traversée de la passe nous parait interminable. En plus de cette éventuelle menace qui plane, le vent annoncé à l’E s’est bloqué sur de l’E-SE, nous forçant à maintenir un près très serré. Ce que nous ignorions avant de nous retrouver dans la passe c’est qu’une route de cargo l’emprunte également. Heureusement uniquement du Sud vers le Nord mais c’est parfois 5 cargos qui se suivent à quelques milles de distance seulement les uns des autres. Une vraie autoroute qui peut devenir très gênante s’il faut avancer en tirant des bords avec seulement 5 milles de disponibles entre les cargos d’un côté et le banc de Rosalind de l’autre. Le vent est établi à 15 nœuds et la mer assez bien formée. Nous progressons malgré tout plutôt bien à la voile. Pourvu que les conditions se maintiennent !



Vers 14h une manœuvre suspecte d’un bateau de pêche nous met en alerte. Il semble que le bougre que nous distinguons sur bâbord fasse une route de rencontre avec nous. Je sais d’expérience que les règles de barre ne sont pas toujours connues des capitaines ou ignorée volontairement dans ces régions et qu’il faut toujours s’attendre à un refus de priorité, mais tout de même ! Notre cap maintenu sous voiles est déjà assez fragile pour nous forcer à manœuvrer non ? Et si c’était une manœuvre d’abordage par l’avant ? Envisageant toutes les possibilités nous décidons d’allumer le moteur. 1 coup, 2 coups, 3 coups de démarreur, ce dernier refuse de démarrer… pourquoi maintenant ? Mais oui, bien sûr ! Plusieurs heures avant nous étions tombés en panne de carburant alors que nous faisions route sous voile en appui moteur. Les conditions de mer et la gîte nous avaient dissuadés de remettre du gasoil sur le moment. C’est toujours le cas mais cette fois-ci pas le choix. Plus le moment de mettre le bateau en panne pour faire le plein, il faut faire vite ; 20 L suffiront. Avec un peu d’adresse on évitera d’en renverser trop à côté. Tan pis pour la mer. Euh pardon, PARDON la mer !! Mais la situation est potentiellement critique. Nos esprits bouillonnent.
Aller, on réessaye sans même prendre pas le temps de réamorcer le circuit de gasoil. Je sais que notre Yanmar s’en sort bien à ce niveau là. 2-3 coups de démarreur et le voilà qui ronronne de nouveau. Merci petit !! Bon, maintenant niveau pirates, on en est où ? Toujours en route de rencontre. On se prépare à manœuvrer et à changer de cap pour se mettre au ¾ arrière, moteur à fond, toutes voiles dehors poussés par les vagues et le vent. Plus on se rapproche plus on a le sentiment qu’il va tout de même passer devant l’étrave. Les milles sont tellement durs à prendre que je n’ai pas non plus envie de manœuvrer pour rien. On attend, on observe. Le voilà 200m devant nous à peine. Pile devant nous. Il passe. Va-t-il manœuvrer ? Non, il semble continuer sa route, perpendiculairement à la passe. Possible tout simplement que sa semaine de pêche soit terminée et qu’il rentre au bercail sans nous porter plus d’intérêt que cela. Tant mieux. Nous garderons un œil sur lui jusqu’à ce qu’il disparaisse de notre horizon. On se sent un peu ridicules de notre action mais il faut dire aussi qu’il n’est pas passé bien loin. En y réfléchissant, le carburant ça coûte. Nul doute que lui aussi voulait optimiser sa route autant que possible.

C’est dingue de voir que malgré la très faible probabilité de se faire aborder l’esprit est capable de vite s’imaginer des situations. Il suffit de quelques histoires, dramatiques certes mais néanmoins rarissimes pour que l’imaginaire prenne place à la raison. J’ai envie de pousser ma réflexion sur ce qui nous amène à nous laisser intimider à ce point mais ne parviens pas à me calmer l’esprit. Cet endroit est chiant et on a tous les deux hâte d’en sortir. C’est ce qui compte pour l’heure. Heureusement les conditions se maintiennent et nous faisons plutôt bonne route. Nous croisons finalement plus de cargo que de bateau de pêche.

A la nuit tombée se pose la question de savoir si nous allumons les feux de navigation. Nous savons que la majorité des plaisanciers les éteignent dans cette zone pour être moins visible des pêcheurs la nuit. L’idée ne me plait guère surtout en navigant dans une zone aussi réduite que cette passe. Et si d’autres faisaient la route en sens inverse et avaient la même idée ? Il n’y a pas de lune et il fait nuit noire en plus. Pour moi le risque de collision est plus important que le risque de piraterie nocturne et nos feux de navigation seront donc allumés.

La tombée de la nuit se passe sans incident. Choup prend son quart vers 23h. A minuit elle me réveille en sursaut : Il semble que nous soyons sur une route de rencontre avec un cargo. Un œil sur la carte me le confirme en effet. Nous ne sommes en plus pas bien loin l’un de l’autre et il ne faut donc pas trainer pour manœuvrer. Le vent est établi à 18 nœuds et il fait nuit noire. J’ai du mal à me sortir de ma torpeur et mon inattention nous fait virer lof pour lof sans crier gare. Nous empannons un peu fort. Aïe ! Un bruit métallique retenti au pied du mat. Aveuglé par la nuit sombre je ne peux rien voir mais je sais malgré tout ce qu’il vient de se passer : le hale-bas s’est arraché du mat. Vite, il faut mettre le moteur, affaler la grand voile pour réparer et s’éloigner de ce cargo qui fait route sur nous. J’ai déjà eu à effectuer cette réparation que je réalise rapidement. Alors que le cargo vient tout juste d’être paré nous entendons siffler à la radio sur le canal 16. Mais qui donc ose utiliser cette voie radiophonique d’urgence pour un tel enfantillage ? Choup avait déjà lu qu’en cas d’attaque de pirates il arrivait parfois que ces derniers mettent de la musique ou chantent sur le canal 16 pour bloquer la fréquence afin d’empêcher de passer des appels de détresses. Sérieusement ? Avec un cargo à juste quelques milles de nous ? Alors que nous sommes sur le point de quitter cette zone ! Branle-bas de combat, tout le monde sur le pont ! (Euh, c’est que nous 2 et on est déjà sur le pont…) Parés à la manœuvre. On éteint les feux de nav. Obscurité totale à bord et changement de nouveau du cap afin de brouiller les pistes. Le drap sombre de cette nuit noire nous enveloppera et nous dissimulera plus facilement des autres navires le temps de parcourir quelques milles. Tout en restant tous deux à l’affût nous ne croyons malgré tout pas à une attaque. Le canal 16 est de nouveau libre et nous cherchons une explication à ce nouvel incident. Peut être le cargo qui se serait joué de nous et amusé à nous faire peur ? Nous resterons sans réponses. 1h plus tard nous nous considérons enfin sortis de cette zone. La clarté du jour très matinale nous fait du bien.

Nous pensions nous réjouir et relâcher de la pression une fois le banc Nicaraguayen derrière nous mais les nouvelles conditions de mer établies ne nous laissent que peu de répits. Le vent forci à 20 nœuds établis et malheureusement nous recevons la houle de travers ce qui rend la vie sur le bateau très inconfortable. Ayant peu d’expérience du régulateur d’allure j’ai passé une bonne partie de la nuit à le régler convenablement sur une allure de travers. Heureusement il fait le taf à présent et nous ne sommes pas obligés de barrer mais je suis très fatigué d’avoir si peu dormi et accumulé de la tension les derniers jours. Idem pour Choup.
Même si la mer ne déferle pas, la houle de 3m que l’on reçoit sur le côté du bateau l’impressionne fortement. Elle a peur que le bateau ne chavire. Je la vois fondre en larmes de panique. C’est dur de la réconforter. Comment pourrais-je lui dire : « Aller, courage ! Plus que 4 jours à tenir avant d’arriver ». Tout ce qu’elle voudrait à ce moment là c’est être hélitreuillée hors de ce bateau ou téléportée sur la terre ferme. C’est très dur de se sentir pris au piège de cette manière. J’essaye de garder son esprit loin du présent : Ré-envisager la suite de notre voyage, vendre le bateau une fois à Panama. Après tout il y a plein d’autres choses à faire aussi dans la vie.
Nous essayons d’envisager une porte de sortie pour abréger cette navigation devenue cauchemardesque pour Choup en nous détournant sur Providencia qui n’est « qu’à » 35h de navigation.

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On envoie un message à notre amis Bruno qui veille sur nous depuis le début afin de connaitre les conditions annoncées dans les jours à venir. Comme toujours sa réponse ne tarde pas à arriver. Il nous annonce un vent forcissant à 25 nœuds dans les jours à venir. Il n’y a plus à hésiter, il faut aller se mettre à l’abri à Providencia.



C’est parti. La route est simple : Plein Sud pour passer entre les bancs « d’El Sueño » et de « Serrana » puis tout schuss au 230°. Les 110 milles pour rejoindre « El Sueño » seront les plus longs. 24h d’inconfort à bord et de stress permanent pour Choup. Heureusement on avance assez bien et les conditions établies nous évitent de trop manœuvrer. Le changement de cap à El Sueño nous fait le plus grand bien : Soudainement la houle et le vent arrivent par derrière. Le confort est de retour et l’ambiance se détend à bord.



La dernière journée est même formidable à la voile. Le vent est tombé à 15 nœuds et la mer est moins grosse que la veille. Le bateau surf sur les vagues qui nous rattrapent. Je donne quartier libre au régulateur d’allure pour profiter de ces bonnes sensations à la barre.



On file à 6 nœuds depuis plusieurs heures. Grâce à cette bonne moyenne nous allons arriver de jour à Providencia. Gros soulagement car sans connaitre les côtes nous redoutions une arrivée de nuit.
La vue de la terre à l’horizon nous réjouit. Plus que quelques heures et nous pourrons enfin relâcher toute cette pression qui nous pèse depuis 6 jours.

Vers 14h nous sommes devant le chenal d’accès à Providencia. Moteur en route, nous affalons les voiles pour nous engager lorsque nous sommes pris de court par un grain. 25 à 30 nœuds de vents lèvent rapidement une mer contre laquelle nous ne pouvons pas avancer au moteur. On en a marre mais on a hâte d’en finir. On remet les voiles pour remonter le chenal au près. 3 ris dans la grand voile et un bout de génois. Feuuuuxx !!! Une fois plus proches des terres les vagues se calment et le voilier file à 6 nœuds dans la passe. Wou-Hou !! On arrive !! La beauté sauvage de l’île que nous découvrons à mesure que nous approchons de la zone de mouillage nous exalte. Quelle riche idée que de s’être détournés ici. Il y a sans doute de nombreuses merveilles à explorer.

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Conditions changeantes, navigation précise requise, menaces humaines, nuits courtes et inconfort à bord auront rendu cette navigation très éprouvante. Il est temps de profiter de se reposer et de ne rien faire. Nous ne sommes plus qu’à 2 jours de mer de Panama. Même si une fois de plus les plans ne se sont pas déroulés complètement comme prévus nous nous sommes bien rapprochés. Nous attendons maintenant la prochaine bonne fenêtre météo qui nous permettra de rallier Panama sereinement.



31 Juillet 2022:

Providencia



L’ancre jetée, nous pouvons enfin souffler et relâcher l’attention constamment maintenue depuis notre départ de Guanaja. Je peux presque voir à l’œil nu mon corps se métamorphoser, reprendre de l’espace et de la fluidité, sentir l’oxygène circuler avec facilité dans mes cellules. Je me sens légère et tellement soulagée d’être enfin sortie de ces vagues de 3 mètres !
Comme après chaque nav’ de plusieurs jours, nous savourons le moindre détail du quotidien : l’appétit retrouvé, le calme, l’aisance pour se mouvoir dans le bateau, la possibilité d’aller se baigner, dormir plus de 2h par nuit…. Que du bonheur !
Il ne nous faudra pas longtemps pour tomber dans les bras de Morphée ce jour-là.

L’île de la providence en reconstruction :
Après une longue nuit de sommeil réparatrice nous nous lançons à l’exploration de cette nouvelle terre aux contours verts fluo et bleu turquoise.


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Nous traversons le petit village d’Isabel. Ici la majorité des habitants descendent de la culture Raizol. Les visages que nous croisons sont plus bronzés qu’au Honduras, les têtes coiffées de dreadlocks sont devenues la norme, les phrases des chansons de Bob Marley trônent fièrement sur les petits caritos de l’île (les petites voitures de golf qui servent de taxi) et il n’est pas rare de passer dans un nuage de fumée aux senteurs de ganja.
Nous découvrons des ruelles en chantier de partout. Ici, l’ancienne banque est en train d’être démantelée à coups de masse, là-bas un soudeur s’occupe de finaliser l’installation du pont qui mène à Santa Catalina (la 2ème petite île accolée), plus loin un groupe de travailleurs s’attèlent au câblage électrique du quartier.


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Que se soit en anglais ou en espagnol, nous devons nous concentrer un maximum pour comprendre l’accent créole de nos nouveaux interlocuteurs. Nous parvenons malgré tout à comprendre que deux ans après le cyclone qui a sévi sur la côte est du Nicaragua, l’île est encore en phase de reconstruction. L’eau est montée jusqu’à 3 mètres de haut cette nuit-là, et bien qu’il n’y ait eu « que » 4 personnes décédées, la population reste encore aujourd’hui très marquée par cet événement. Certaines personnes vivent dans des habitations qui ne comportent qu’un seul mur complet et un toit troué. En discutant avec la population nous apprenons que l’État Colombien, dont dépend Providencia, apporte une aide financière pour permettre aux habitants de reconstruire leur maison. Bien que nous soyons surpris de l’état délabré de l’île 2 ans après la catastrophe, un travailleur nous confie que dans une certaine mesure, cela a été une chance pour certaines familles qui vivaient dans des maisons de fortune et se retrouvent grâce à cela, avec une maison flambant neuve. En parallèle, une organisation de sylviculture œuvre également au reboisement de la mangrove abîmée en vue d’offrir une protection supplémentaire contre les vagues et le vent.


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Balades :
Bien que la météo ne soit pas des plus clémentes lors de notre stop à Providencia, nous parvenons à profiter de deux journées sans pluie pour aller nous balader dans la nature. Les différents pics qui surplombent l’île et nous font face au mouillage nous appellent et nous trépignons d’impatience de crapahuter au sommet de l’un d’entre eux.

Santa Catalina :
Pour notre première sortie, nous commençons par une balade facile en allant visiter la petite île de Santa Catalina à laquelle nous accédons par le pont des amoureux.


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Nous longeons la côte et sa mangrove sur un petit chemin bétonné pendant environ 2 km. Ensuite nous gravissons la cinquantaine de marches qui nous séparent de la statue de Santa Catalina (renommé la « potiche » par Nico). Malgré la météo nuageuse ce jour-là, nous profitons de la vue imprenable sur la baie qui abrite notre petite Thera.


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Nous poursuivons en nous enfonçant dans la forêt tropicale où nous croisons le chemin de nombreux petits lézards de différentes couleurs : verts fluo, noirs, bleus… En constatant le temps qu’ils mettent à se détourner lors de notre passage sur le sentier, je me pose des questions quant à leur instinct de survie…


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Nous arpentons ainsi la forêt et ressortons une petite demi-heure plus tard sur une pointe rocheuse à l’Ouest de l’île. Nous restons là quelques instants à perdre nos regards dans le bleu de l’océan, à admirer les vagues déferler sur le récif corallien et moutonner plus loin au large. L’esprit empli de calme nous reprenons tranquillement le chemin du retour.


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« El pico » :
Après avoir cherché et demandé autour de nous, il s’avère qu’un seul des pics de l’île ne possède un chemin de randonné. Nous partons donc à la conquête « del pico ». Pour cela nous faisons du stop pour nous rendre sur la côte Sud de l’île. A peine avons-nous dégainé nos pouces sur le bord de la route que nous nous retrouvons à bord d’une sorte de tricycle à moteur, chargé de bombonnes de gaz à livrer. La petite moto à remorque se faufile entre voitures, passants et dos d’ânes sur la route côtière, nous offrant ainsi une vue imprenable sur la variété de bleus qui recouvrent le récif de ce côte de l’île. Turquoise, indigo, ciel, marine…. nos yeux sont émerveillés par tant de nuances en un seul lieu ! Notre aimable chauffeur nous déposera au départ de la randonnée pour « el pico ». Une jeune fille en train de faire des tresses à son amie, s’interrompt quelques minutes pour nous vendre les services d’un guide pour l’ascension. Comme nous refusons, elle enregistre nos noms sur son téléphone au cas où nous ne reviendrions pas avant la nuit. D’après ce que nous avons lu et entendu, la randonnée dure environ 3 à 4h A/R. Nous nous lançons donc à l’assaut de ce fameux pic.


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La végétation est encore une fois splendide et nos amis lézards continuent de venir nous rendre visite à chaque pas que nous posons sur ce sentier bien tracé. Nous découvrons également des salamandres noires endémiques de l’île. A part la moiteur de l’air, le parcourt ne représente aucune difficulté particulière. Des infrastructures en bois facilitent même régulièrement notre progression et nous nous félicitons d’avoir insisté pour ne pas prendre de guide « obligatoire » pour cette sortie.


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Nous savourons donc la liberté de cheminer à notre rythme et la gratuité de notre activité. Nous parviendrons au sommet du pic en une heure. La vue panoramique qui s’offre à nous est un vrai cadeau pour les yeux. Le turquoise de l’eau se détache malgré la couverture nuageuse pour se mélanger au vert intense de la végétation tropicale et au rouge orangé du sentier que nous venons d’emprunter.


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Nous nous réjouissons que la météo nous ait permis de découvrir cet aspect de l’ile. Afin d’en profiter encore d’avantage, nous redescendons « el pico » en moins d’une heure puis nous nous dirigeons sur la plage sauvage del « Manzanillo ».


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Ici, seuls quelques petits bars fermés et un restaurant nommé « Roland’s » profitent de ce petit coin de paradis perdu.


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L’ile ayant rouvert au tourisme depuis seulement quelques mois, nous pouvons profiter de ce décor de rêve en toute quiétude. Le rythme ici est lent (selon notre point de vue de Français excités) et la sieste en hamac semble presque être le sport national. Aussi nous faudra-t-il attendre une bonne heure pour pouvoir enfin déguster nos crevettes al ajo et à la plancha. Pas de stress, nous sirotons quelques bières locales et avons même le loisir de danser une petite salsa sur la terrasse quasi déserte. Nous nous sentons en vacances et emplis de gratitude pour la belle journée que nous venons de passer. Pour le chemin du retour, nous faisons à nouveau du stop et sommes pris en quelques minutes seulement. Cette fois-ci nous grimpons à l’arrière d’un pick-up aménagé avec des petits bancs. Après quelques minutes de trajets, le pick-up s’arrête dans une décharge pour récupérer 3 matelas usagés. Comme il nous faut partager l’espace avec ces 3 nouveaux passagers, Nico s’installe sur ces nids microbiens ouatés. C’est crade mais ça nous a bien fait marrer !


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Un léger contretemps :
Pour nous connecter à internet, il y a des zones de connexion gratuites à différents points de l’île. Aussi lorsque le temps le permet, nous en profitons pour communiquer avec nos familles et nos amis. Je découvre avec amusement que mes parents ont déjà visité tous les sites internet parlant de l’île et vont même jusqu’à nous indiquer les points internet gratuits du coin (sur les marches de l’Église paraît-il :)). Nous prenons des nouvelles de notre ami Florent, sensé arriver le 3 Août à Panama pour organiser sa venue sur le bateau. Mauvaise nouvelle : pour transiter par les États-Unis il est impératif d’avoir reçu 2 doses de vaccin contre la COVID 19 ! Flo ne pourra donc certainement pas venir nous rejoindre pour les vacances. Un espoir semble s’ouvrir avec une employée d’United Airlines qui lui affirme qu’en ce qui concerne le transit, le vaccin n’est pas obligatoire. Ouf ! Nous croisons les doigts et retenons notre respiration jusqu’à la réception du message de Flo qui nous indiquera qu’il a bien pu embarquer à Genève…. Malheureusement, ce message n’arrivera pas. Interdit de voyager aux USA sans vaccin de plus de 15 jours, même en transit ! Flo choisira donc de se faire vacciner dans la journée et de payer des frais supplémentaires pour décaler son voyage au 18 Août. Nous sommes malgré tout heureux de savoir que nous allons pouvoir passer du temps avec lui, même si ce sera pour moins longtemps que prévu. Cela nous laisse, à nous aussi, plus de marge de manœuvre pour partir au moment opportun en ce qui concerne la météo.

Il semblerait que les conditions soient réunie le lundi 8, aussi, croisons-nous les doigts pour que la météo se maintienne et nous permette de finir notre descente vers Panama sereinement.



8 Août 2022:

Panama nous voilà!



Cette bonne semaine de relâche à Providencia nous à comblé est il est temps de poursuivre notre route vers Panama. Nous ne sommes pas fâchés non plus de quitter un ciel régulièrement gris et des rafales de vent constantes au mouillage (30 à 40 nœuds parfois) pour aller dans un endroit plus calme.

La météo nous annonce 15 nœuds d’E–NE établis les 24 premières heures puis pétole sur la deuxième partie du trajet. Nous nous attendons donc à faire pas mal de moteur. Non sans peine nous avons pu faire le plein de carburant et c’est sereinement que nous prenons la mer le Lundi 8 Août au matin.
Les 8 premiers milles sont vite parcourus toutes voiles dehors par 15 nœuds de vent encore protégés de la houle par la côte. Choup angoisse un peu de retrouver une mer formée mais finalement, 2h après notre départ, une fois l’île dépassée nous constatons que les conditions sont plutôt agréables. Nous sortons des nuages perpétuellement accrochés aux sommets de l’île pour retrouver le soleil. Le vent tend même à s’établir plus faiblement qu’annoncé et tombe à 12 nœuds. Le régulateur d’allure a repris ses fonctions et le bateau glisse tout seul. Royal.
La seule difficulté sur cette navigation consiste à remonter de 100 milles vers l’E contre le Gulf Stream qui peut sévir à 2 nœuds portants vers l’Ouest. Les prévisions sont très changeantes à ce niveau et peu fiable à mon avis. Le courant Panaméen côtier lui aussi peut être portant à l’Est ou à l’Ouest d’un jour sur l’autre. Difficile donc de planifier une route précise avec ces données. Nous composerons au mieux.

Les premières 24h se passent sans incident. Le vent est en effet moins fort qu’annoncé et le voyage est confortable à bord.

Nous recevons un message de Papa le deuxième jour en fin de journée nous informant d’un fort courant portant vers l’E sur les côtes Panaméenne. Idéalement il faudrait donc éviter de trop prendre à l’Est mais j’ai peur en même temps que si le vent tombe comme prévu nous soyons trop déportés ce qui nous ferait manquer notre cible. Nous prenons tout de même la décision d’abattre un peu par précaution et ajusterons le tir lorsque les conditions changeront plus significativement.

Au troisième matin nous sommes à 80 milles de notre destination. Presque arrivés mais dès l’aube les conditions bien établies que nous avions commencent à se dégrader. On reçoit tantôt 10 nœuds de vent tantôt 20. On doit beaucoup manœuvrer. Je galère à régler le régulateur d’allure avec un travers aussi mal établi. Il faut prendre des ris et les lâcher toutes les 20 minutes. Le trafic maritime se densifie nettement à l’approche du canal. Beaucoup de vigilance s’impose malgré la fatigue qui commence à s’installer et à peser.
Avoir abattu pour compenser les effets du courant nous à placé au beau milieu des routes des cargos. Nous sommes à 10 milles des côtes à l’Ouest de Panamarina, notre objectif final. Le vent est tombé complètement nous laissant au moteur dans une houle résiduelle d’un mètre portés vers l’Est avec le courant. C’est dans ces conditions que nous devons couper à 90° la route des cargos qui entrent et sortent du canal. Nous devons manœuvrer à plusieurs reprises pour éviter de multiples rencontres avec ces géants des mers. Le contact par radio avec les capitaines est cependant toujours très cordial et précis. C’est donc sans encombre que la petite Thera slalome entre ces monstres d’acier.


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Enfin sortis de cette autoroute maritime il ne nous reste que 5 milles à destination. Hourra ! Ce sera de nouveau une arrivée de jour sans quoi nous serions allés mouiller quelques milles plus loin en eaux saines.
Les côtes Panaméennes nous séduisent déjà et nous surprennent par leur côté incroyablement sauvage. Il nous tarde déjà d’aller explorer, mettre la tête dans l’eau, découvrir ce nouveau pays par la mer.
L’étroit chenal d’entrée dans la marina traversé il ne nous reste plus qu’à prendre une bouée.
Victoire ! Nous avons finalement eu raison de tous ces défis rencontrés depuis le 20 janvier !

- 7 mois pour y parvenir
- 1 moteur changé
- 1500 milles parcourus
- 2 tentatives pour passer
- 0 pirate incendié au cocktail Molotov
- Une multitude de gens supers que nous avons rencontré et qui nous ont aidés. Merci à tous.

Le meilleur reste à venir. Fini la nav de l’enfer, à nous le paradis des San Blas !