27 juin 2022:
Départ du Guatemala
L’heure du départ à sonné. On embarque 600L d’eau, 250L de carburant, de quoi manger en conserve pour les 3 prochains mois. Thera est reluisante et on se sent enfin prêt à larguer les amarres. Nous sommes Jeudi 23 Juin au matin et nous nous activons avec les derniers préparatifs.
Sans une deadline imposée à midi par notre responsable de marina Gwendal, qui sait si nous serions réellement partis : Il y a toujours quelque chose à finir, à améliorer pour se sentir complètement prêt. 10h du matin et Nico est encore pendu au mat pour nettoyer les barres de flèches… Il faudra se faire une raison : Thera ne sera jamais 100% prête. Alors, il faut se lancer.
Midi : On donne un coup de démarreur au moteur. Ce dernier ne démarre pas. Un deuxième, puis un troisième. Rien. Il semble que le bougre manque de patate. On n’en revient pas. Comment peut-il nous faire ça le jour J alors que tout semblait encore impeccable hier lors des tests!
Nous tentons de coupler les batteries de service pour donner un coup de pouce et ouf ! Il fini par démarrer. Se pose alors la question de savoir si on part dans ces conditions avec un problème de démarrage ou si on reste un jour de plus pour solutionner le problème.
On a déjà trop attendu. Tan pis, on part comme ça ; on se débrouillera bien.
Nous larguons les amarres et battons en avant. Le bateau sort de la marina. On se sent libre. Dommage pour ce foutu problème de démarrage qui nous gâche un peu le plaisir. Aller, c’est peut être pas grand-chose après tout. Tachons de ne pas y penser.
4 Juillet 2022:
Départ de Roatan
Notre relâche à Roatan nous aura fait le plus grand bien.
Nico reprend ses esprits rapidement et dès le lendemain nous nous empressons de remplir nos estomacs vides. On connait déjà la maison et on s’empresse de retourner dans notre petit restau préféré « Anthony’s Chicken » pour savourer le plat National, la baleada: Sorte de crêpe à base de farine de blé nappée de patte de haricot rouge que l’on agrémente à souhait : avocat, poulet, œuf, fromage… Le tout bien sûr accompagné d’une bonne « Salva Vida », numéro 1 des bières Honduriennes.
Nico espère faire la surprise de notre présence aux gérants du centre de plongée dans lequel il a travaillé jadis presque 2 ans mais nous apprenons qu’ils ont vendu le magasin en début d’année. Par chance nous réussirons à les rencontrer plus tard dans la semaine et à partager ensembles quelques souvenirs autour d’autres Salva vida.
10 Juillet 2022:
Panama: Première tentative
Très vite, l’expérience acquise en bateau nous enseigne de ne jamais se fier à 100% à la météo et de ne pas pouvoir prévoir les choses avec certitude. On sait quand on part mais jamais quand on arrive.
Aussi cette navigation aura été riche d’enseignements.
Du 11 au 25 Juillet 2022:
Guanaja
Les petits bonheurs du quotidien :
Après une bonne nuit réparatrice de 10h nous savourons la quasi absence de mouvements sur le bateau et le plaisir de partager un petit déjeuner autour d’une table. Il est agréable de constater comme après les nav’, les petites choses simples du quotidien nous remplissent chaque fois de bonheur. Nous parcourons du regard les côtes verdoyantes de Guanaja éclairées par la lumière du soleil matinal et redécouvrons la petite Palapa du bar de Hans , un Allemand implanté ici depuis une quinzaine d’années chez qui aiment à se retrouver les plaisanciers de passage.
25 Juillet 2022:
Nav de l'enfer
3 jours de calme plat souhaités pour partir avec un voilier : un non sens ! Oui ; mais pour cette route et avec Thera, pas vraiment d’autre option possible sans une intervention divine qui nous enverrait du vent d’Ouest. Impossible à cette période de l’année sauf peut être en utilisant les vents d’un éventuel cyclone qui passerait non loin de là… bof.
10 fois que l’on visualise la route que l’on va faire avec les conditions météo annoncées jusqu’au dernier moment. Ce sujet est au centre des discutions à bord. On en parle avec ferveur dans le but de se préparer, de se motiver et d’y croire :
D’abord 300 milles à reprendre vers l’est le plus vite possible. En ligne droite au moteur. Peut être en s’aidant des voiles si les petits coups de Sud-est annoncés sont effectivement au rendez-vous.
Rester au plus près du vent sans se faire pousser dans les courants qui sévissent au Nord. On les connait bien ceux-là. Ils nous ont déjà joué des tours sur la nav précédente.
Une fois arrivés au « Rosalind Bank », virer de bord, cap au Sud-est. Si nos plans sont justes à ce moment là et la météo conforme, le vent devrait être secteur Est, 12 à 15 nœuds. Cela devrait nous permettre de traverser la passe de 50 milles contre 1.3 Nœuds de courant sans trop de difficulté.
Une fois sortis nous n’aurons normalement plus trop à nous soucier de la direction du vent. Nous ne serons cependant à ce moment qu’à mi-parcours et il y aura tout de même encore 4 jours de nav à destination. Qui sait quelles conditions nous aurons exactement à ce moment là ? Normalement pas plus de 20 nœuds de vent si tout va bien. On verra. Il faudra ensuite éviter le banc « d’el Sueño » puis contourner celui de « Roncador » par l’Est si les conditions le permettent. Enfin, Tracer en ligne droite vers Panama tout en restant vigilant au trafic maritime qui se densifiera. Tout un programme !
J’ai l’impression d’être un skieur à quelques minutes de s’élancer dans une descente. Visualisant encore le parcours qu’il a reconnu et qu’il connait déjà par cœur : les instants précis pour changer de cap, les dangers à anticiper, garder sa concentration jusqu’au bout en faisant de son mieux pour passer le plus vite possible.
31 Juillet 2022:
Providencia
L’ancre jetée, nous pouvons enfin souffler et relâcher l’attention constamment maintenue depuis notre départ de Guanaja. Je peux presque voir à l’œil nu mon corps se métamorphoser, reprendre de l’espace et de la fluidité, sentir l’oxygène circuler avec facilité dans mes cellules. Je me sens légère et tellement soulagée d’être enfin sortie de ces vagues de 3 mètres !
Comme après chaque nav’ de plusieurs jours, nous savourons le moindre détail du quotidien : l’appétit retrouvé, le calme, l’aisance pour se mouvoir dans le bateau, la possibilité d’aller se baigner, dormir plus de 2h par nuit…. Que du bonheur !
Il ne nous faudra pas longtemps pour tomber dans les bras de Morphée ce jour-là.
L’île de la providence en reconstruction :
Après une longue nuit de sommeil réparatrice nous nous lançons à l’exploration de cette nouvelle terre aux contours verts fluo et bleu turquoise.
8 Août 2022:
Panama nous voilà!
Cette bonne semaine de relâche à Providencia nous à comblé est il est temps de poursuivre notre route vers Panama. Nous ne sommes pas fâchés non plus de quitter un ciel régulièrement gris et des rafales de vent constantes au mouillage (30 à 40 nœuds parfois) pour aller dans un endroit plus calme.
La météo nous annonce 15 nœuds d’E–NE établis les 24 premières heures puis pétole sur la deuxième partie du trajet. Nous nous attendons donc à faire pas mal de moteur. Non sans peine nous avons pu faire le plein de carburant et c’est sereinement que nous prenons la mer le Lundi 8 Août au matin.
Les 8 premiers milles sont vite parcourus toutes voiles dehors par 15 nœuds de vent encore protégés de la houle par la côte. Choup angoisse un peu de retrouver une mer formée mais finalement, 2h après notre départ, une fois l’île dépassée nous constatons que les conditions sont plutôt agréables. Nous sortons des nuages perpétuellement accrochés aux sommets de l’île pour retrouver le soleil. Le vent tend même à s’établir plus faiblement qu’annoncé et tombe à 12 nœuds. Le régulateur d’allure a repris ses fonctions et le bateau glisse tout seul. Royal.
La seule difficulté sur cette navigation consiste à remonter de 100 milles vers l’E contre le Gulf Stream qui peut sévir à 2 nœuds portants vers l’Ouest. Les prévisions sont très changeantes à ce niveau et peu fiable à mon avis. Le courant Panaméen côtier lui aussi peut être portant à l’Est ou à l’Ouest d’un jour sur l’autre. Difficile donc de planifier une route précise avec ces données. Nous composerons au mieux.
Les premières 24h se passent sans incident. Le vent est en effet moins fort qu’annoncé et le voyage est confortable à bord.
Nous recevons un message de Papa le deuxième jour en fin de journée nous informant d’un fort courant portant vers l’E sur les côtes Panaméenne. Idéalement il faudrait donc éviter de trop prendre à l’Est mais j’ai peur en même temps que si le vent tombe comme prévu nous soyons trop déportés ce qui nous ferait manquer notre cible. Nous prenons tout de même la décision d’abattre un peu par précaution et ajusterons le tir lorsque les conditions changeront plus significativement.
Au troisième matin nous sommes à 80 milles de notre destination. Presque arrivés mais dès l’aube les conditions bien établies que nous avions commencent à se dégrader. On reçoit tantôt 10 nœuds de vent tantôt 20. On doit beaucoup manœuvrer. Je galère à régler le régulateur d’allure avec un travers aussi mal établi. Il faut prendre des ris et les lâcher toutes les 20 minutes. Le trafic maritime se densifie nettement à l’approche du canal. Beaucoup de vigilance s’impose malgré la fatigue qui commence à s’installer et à peser.
Avoir abattu pour compenser les effets du courant nous à placé au beau milieu des routes des cargos. Nous sommes à 10 milles des côtes à l’Ouest de Panamarina, notre objectif final. Le vent est tombé complètement nous laissant au moteur dans une houle résiduelle d’un mètre portés vers l’Est avec le courant. C’est dans ces conditions que nous devons couper à 90° la route des cargos qui entrent et sortent du canal. Nous devons manœuvrer à plusieurs reprises pour éviter de multiples rencontres avec ces géants des mers. Le contact par radio avec les capitaines est cependant toujours très cordial et précis. C’est donc sans encombre que la petite Thera slalome entre ces monstres d’acier.