Après deux mois et demi passés dans les San Blas, nous devons sortir du territoire Panaméen afin de pouvoir prolonger notre visa. Comme ni l’un ni l’autre ne connaissons Carthagène, nous décidons de profiter de ce départ forcé pour découvrir une nouvelle destination.
Nous avions planifié notre départ de Panamarina tôt le matin du 21 octobre afin d’arriver à temps pour notre vol au départ de Panama City. Lorsque nous partageons notre intention avec nos amis Argentins Chris et Zulema, ils nous avisent que les panaméens célèbrent le « Christ noir » à Portobelo les 20 et 21 octobre. Les gens viennent des quatre coins du pays pour cette occasion et les ruelles sont habituellement noires de monde. Nous préférons donc partir la veille pour nous assurer d’arriver à temps à l’aéroport.
Lorsque nous traversons Portobelo, nous croisons en effet une population en fête et quelques croyants marchant à quatre pattes depuis plusieurs km jusqu’à l’entrée de l’église du village, comme le veut la tradition. Nous observons un peu interloqués ce spectacle peu banal durant quelques minutes avant de retrouver notre taxi à l’autre bout du village.
Nous passerons la soirée à déambuler dans les ruelles colorées de « Casco viejo » (centre historique de Panama. La marrée basse visible de la vieille ville nous confirme que nous sommes côté Pacifique. Nous observons l’étendue d’eau en nous demandant quand Thera fera elle aussi partie du paysage.
Après une nuit dans une pension un peu lugubre nous savourons un petit déjeuner à la française avec un croissant et un pain au chocolat dans une boulangerie française que nous avions repérée la veille. Nous payons ces pâtisseries quatre fois plus chères que si nous étions en France, mais ça en vaut la peine ! J’en salive encore !
Bien que le taxi que nous avions réservé plusieurs semaines à l’avance nous ait oublié, nous parviendrons malgré tout à temps à l’aéroport et volerons sans encombre jusqu’à Carthagène.
Nous découvrons une ville colorée, mouvementée et quelque peu superficiel.
En effet, les tenues des femmes sont toujours plus courtes et transparentes à mesure que nous avançons dans la ville. Je pense à ma tante Maria qui s’en serait donné à cœur joie pour rebaptiser tout ce petit monde… et pour être tout à fait honnête, nous n’avons pas vraiment fait le meilleur usage de notre parole nous non plus, comme le recommande Don Miguel Ruiz dans les quatre accords Toltèques. Je vous promets néanmoins que nous avons essayé !
Nous nous faisons plaisir en restaurants et petites douceurs en tout genre, inexistantes dans les San Blas. Nous aimons l’architecture et les couleurs de la cité historique. Néanmoins, le nombre de vendeurs de rue qui nous abordent à la minute est tout simplement étouffant ! Lors d’un déjeuner au restaurant, nous explosons de rire tant le nombre de personnes tentant de nous vendre chapeaux de paille, peintures ou lunettes de soleil nous semble grotesque. Quel dommage !
Heureusement le deuxième jour nous décidons de nous éloigner un peu du centre historique et partons à la découverte d’une autre zone nommée Getsemani. Ici, bien que le secteur soit également très touristique, nous ne nous sentons plus importunés comme dans le centre historique et pouvons enfin respirer. Cela restera notre meilleur souvenir de cette parenthèse Carthaginoise. Dans ce quartier où l’art de rue règne en maître, chaque mur est recouvert d’une œuvre d’art. Les artistes exposent leurs toiles et leur talent à chaque coin de rue pour le plus grand plaisir des touristes de passage. Moi qui adore les couleurs, je suis servie ! Je prône une loi qui impose à toutes les villes du monde d’élargir leur palette de couleurs autorisées en matière d’urbanisme. Quel bonheur pour les yeux.
La vie sociale et nocturne est en permanence très animée à Carthagène. Il est possible à toute heure du jour ou de la nuit de trouver de quoi grignoter ou se divertir.
Nous sortons un soir pour aller danser la salsa. La terrasse sur laquelle nous buvons une bière nous propulse aux premières loges pour admirer cette ville fêtarde.
Le 26 nous regagnons l’aéroport pour prendre notre vol retour vers Panama City. Comme il est impossible d’en trouver au Panama, Nico succombe et s’achète une bouteille de Ricard au duty free à 15$. Notre avion a 45 minutes de retard mais nous patientons tranquillement sur nos sièges en plastique. Lorsque l’avion arrive enfin nous nous rendons au comptoir d’embarquement. Au moment de donner notre billet, l’agente d’escale nous demande notre preuve de sortie du territoire Panaméen (requis pour entrer au Panama lorsqu’on rentre par les airs). Comme nous avons un bateau nous ne nous en sommes pas préoccupés. Nous lui présentons donc les papiers du bateau ainsi que notre permis de navigation Panaméen valable 1 an. Que nenni, la jeune agente zélée ne voudra rien savoir et marquera son refus de nous laisser embarquer en nous tournant tout simplement le dos …. La seule option qui s’offre à nous est d’acheter un billet que nous n’utiliserons probablement pas afin de prouver notre intention de sortir du Panama. Les quelques secondes nécessaires pour faire baisser notre niveau de colère et d’avoir de nouveau accès à nos capacités cognitives nous empêcheront d’utiliser ce joker. En effet, pas moins d’1 minute après le début de la discussion avec l’agente en question, elle nous informe qu’il est déjà trop tard et que l’avion est déjà parti; Sans nous, un point c’est tout.
Quelques peu médusés, nous repassons tous les sas de sécurité pour nous retrouver de nouveau à Carthagène. La chance nous sourit malgré tout puisque nous trouverons une auberge de jeunesse tout à fait abordable avec piscine, à une minute à pieds de l’aéroport. Comme il n’y a pas de vol le lendemain, nous achèterons un vol pour le jour suivant. Le temps pour nous de faire de nouvelles rencontres, de créer et d’imprimer des flyers pour notre activité de charter et surtout de vider la bouteille de pastis fraîchement achetée pour ne surtout pas la laisser au personnel de l’immigration lors de notre prochain vol. Non mais oh !
Lors de notre vol retour vers Panama, nous contemplons l’océan Pacifique depuis le ciel. Nous distinguons plusieurs cargos et guettons les voiliers mais n’en voyons aucun. Alors que je lance à Nico un « J’aimerais trop voir des baleines ! », nos yeux s’arrêtent sur deux tâches obscures au milieu de cette immense étendue d’eau… Bien évidemment, nous n’en aurons jamais la preuve ni la certitude mais nous sommes convaincus qu’il s’agissait de deux baleines. J’espère de tout mon cœur en voir de plus prêt lorsque nous seront dans le grand bain avec Thera.
En attendant, nous voilà de retour à Panama City et le programme est chargé : en un jour et demi nous arpentons la ville pour déposer nos flyers dans 10 hôtels ciblés en amont pour leur proposer des partenariats. Nous reverserons une commission de 10% à tout hôtel nous envoyant des clients pour nos charters. Nous nous sentons efficaces et emplis d’espoir pour la saison à venir.
Le lendemain nous avions loué une voiture pour effectuer l’ensemble des achats indispensables pour le bateau : pièces pour le moteur, matériel de pêche et de plongée, énorme avitaillement pour les 3 mois à venir, nouveaux draps et accessoires pour accueillir nos futurs clients dans les meilleures conditions. Nous rendons la voiture de location et attendons notre taxi sous une montagne de cartons de courses et d’oreillers.
Une fois celui-ci arrivé, il nous faut jouer à Tetris pour faire entrer tout ce bazar dans le pot de yaourt qui lui sert de voiture. Des bières sous les pieds, un oreiller sous chaque fesse, des cartons sur les jambes… et le tour est joué. Nous parcourrons les 140 km qui nous séparent de Panamarina tels des gitans, en priant pour les pauvres amortisseurs de notre ami Alex. À 22h30, nos colis sont enfin déposés sur le sol de la marina. Il ne nous reste plus qu’à mettre tout ça dans l’annexe et rejoindre Thera pour ranger tout ce bazar où nous le pourrons. Pour cette dernière étape, une énorme averse (qui ne durera que 10 minutes) s’abat sur nous, détrempant cartons, oreillers et paquets de farine… ô joie !
Après un ou deux jours de soleil, tout ceci n’est plus qu’un lointain souvenir et nous pouvons enfin penser à repartir dans les San Blas.
Un dernier repas avec notre ami Guillaume (rencontré à Providencia) et un dernier apéro avec nos amis Argentins Chris et Zulema (rencontré au Rio Dulce il y a 3 ans) et nous repartons en direction de « nos » îles adorées. Nous levons l’ancre à 22h et après quelques heures de moteur, nous profiterons d’un petit vent de 10 à 13 nœuds d’Ouest puis du Sud nous offrant enfin la possibilité de faire un peu de voile. Pendant mes quarts, j’en profite pour répéter mentalement les manœuvres de voile que Nico m’a enseigné au cas où le vent se lèverait davantage. Je sens que je gagne un peu en confiance et j’arrive à me visualiser un jour en train d’effectuer ces manipulations de manière automatique en autonomie. D’ici-là j’ai hâte de continuer à apprendre et d’acquérir les bons réflexes.
6h30: le soleil est déjà levé depuis une bonne heure et nous entrons lentement dans la passe de Chichime que nous connaissons bien. Le calme du mouillage encore endormi nous procure un immense bien-être. Nous retrouvons les pélicans, les sauts des raies aigle, le son des vagues qui déferlent tranquillement sur le récif, les mâts des autres voiliers qui se balancent sereinement de droite à gauche, le soleil, la mer turquoise…. Nous voilà enfin rentrés à la maison !